Torticolis Musculaire Congénital du Nourrisson : Questions fréquentes en Kinésithérapie
Le torticolis musculaire congénital (TMC) est une affection musculo-squelettique fréquente chez les nourrissons. Cette dysfonction doit être pris en charge précocement, afin d’éviter des complications (déformation faciale et troubles fonctionnels). Cet article sous forme de questions-réponses vise à éclairer les kinésithérapeutes sur les aspects clés du diagnostic, des techniques de rééducation, des facteurs influençant le traitement et des complications associées.
FAQ pour les Kinésithérapeutes
Qu’est-ce que le torticolis musculaire congénital (TMC) et comment le diagnostique-t-on chez les nourrissons ?
Le torticolis, « cou tordu » en latin, est utilisé pour décrire une affection du muscle sterno-cléïdo-occipito-mastoïdien (SCOM). C’est la troisième anomalie musculo-squelettique congénitale chez les nourrissons, après la luxation congénitale de la hanche et le pied bot. Il est souvent diagnostiqué assez rapidement après la naissance (entre une à trois semaines ou plus).
La lésion typique est due à une fibrose musculaire (ischémie du SCOM). Le diagnostic repose sur la présence de cette « olive bulbaire » ferme, lisse ou mobile sous la peau, et sur des caractéristiques cliniques telles que l’inclinaison de la tête et la limitation de la rotation côté opposé.
La littérature distingue trois types de torticolis:
- Le torticolis postural (attitude torticolis sans limitation d’amplitude).
- Le torticolis musculaire (avec ou sans fribose musculaire).
- Le torticolis osseux (due à une anomalie congénitale très rare).
Quelles sont les principales approches de traitement Kinésithérapique pour le TMC ?
Les exercices passifs d’étirement sont la technique de rééducation la plus largement utilisée et considérée comme la plus adaptée. Ces exercices sont réalisés avec une prise en charge possible de 3 fois par semaine. Certaines techniques seront enseignées aux parents afin qu’ils participent activement à la rééducation du torticolis de leur enfant.
En complément des étirements passifs, des techniques globales de déverrouillage sur l’ensemble du corps seront nécessaires afin d’éviter les dysfonctions secondaires dues à la posture en inclinaison et rotation du nourrisson.
- Libération de l’articulation Sacro-Iliaque
- Libération du sacrum/L5
- Travail sur l’axe vertébral :
- Lombaire
- Dorsal
- Cervical
- Travail de la charnière dorso-lombaire
- Etirement des piliers du diaphragme
- Etirement de l’hémi coupole diaphragmatique
- Etirement de l’Ilio Psoas
- Etirement de l’hémi thorax
- Travail de l’étirement de la hanche
- Travail de rotation des ceintures pelvienne et scapulaire
- Travail sur les tissus mous (os hyoïde)
La combinaison de différentes techniques pourrait également optimiser les délais d’évolution et de prise en charge.
L’âge du nourrisson au moment de la prise en charge influence-t-il l’efficacité du traitement et sa durée ?
Oui, l’âge du nourrisson au moment de la prise en charge est un facteur crucial qui influence la durée et l’efficacité du traitement du torticolis musculaire congénital.
Par exemple, des résultats excellents sont observés chez des nourrissons admis de 6 semaines sans masse palpable. À l’inverse, si le traitement débute après l’âge de 3 mois, les résultats sont souvent moins convaincants.
Une prise en charge tardive augmente également le risque de complications comme la plagiocéphalie (aplatissement de la tête), l’asymétrie faciale ou la persistance d’une inclinaison de la tête (pouvant entraîner des déformations cranio-faciales, ainsi que des troubles fonctionnels : voir la section dédiée aux complications).
Les parents peuvent-ils participer activement au traitement à domicile et quelle est l’efficacité de cette approche ?
Oui, les parents jouent un rôle essentiel dans le traitement du torticolis musculaire congénital à domicile. Ils sont souvent formés par les kinésithérapeutes pour réaliser des étirements passifs, des massages et des stimulations de positionnement actif. Des conseils sont également donnés aux parents sur l’adaptation de l’environnement du nourrisson pour favoriser la rotation naturelle de la tête (couchage, portage, importance de l’alternance des positions du bébé et stimulation active).
La participation des parents est cruciale pour la continuité des soins et l’intégration des exercices dans la routine quotidienne du nourrisson.
Quels sont les facteurs qui prédisent la durée du traitement du TMC ?
- Le type de torticolis est un facteur clé : la durée moyenne du traitement est plus longue pour les nourrissons présentant une fibrose du SCOM (environ 3 mois), ou un torticolis musculaire (environ 2 mois), que pour ceux ayant un torticolis postural (environ 1 mois).
- La gravité de la restriction de la rotation du cou au début du traitement est également un facteur prédictif important ; plus le déficit de rotation initial est important, plus la durée du traitement est longue.
- La sévérité de la fibrose au sein du muscle SCOM, évaluée par échographie, influence directement la durée du traitement, avec des durées moyennes allant d’environ 3 mois pour une fibrose faible et d’environ 5 mois pour une fibrose sévère.
- Enfin, l’âge du nourrisson au moment du début du traitement est crucial : une prise en charge plus tardive est associée à une durée de traitement plus longue.
Quand la chirurgie est-elle envisagée pour le traitement du TMC ?
La chirurgie est généralement considérée comme une option de dernier recours pour les cas de torticolis musculaire congénital qui ne répondent pas au traitement conservateur (kinésithérapique) après une période significative. Selon certaines études, la chirurgie est recommandée pour les cas résistants après 6 mois de thérapie et une olive bulbaire persistante et non réductible.
Les enfants les plus exposés à la chirurgie sont ceux présentant une fibrose du SCOM (8% des cas). Les enfants présentant un torticolis postural ne sont jamais sujets à la chirurgie.
Quelles sont les complications possibles du TMC si le traitement n’est pas efficace ou est retardé ?
Si le torticolis musculaire congénital n’est pas traité efficacement ou si la prise en charge est tardive, il peut entraîner plusieurs complications. Les plus fréquemment retrouvées sont l’asymétrie du visage et la plagiocéphalie (déformation de la tête due à un aplatissement d’un côté). La persistance d’une inclinaison de la tête est également une complication courante.
Si le torticolis persiste et s’accompagne d’une plagiocéphalie, des complications posturales peuvent apparaître, notamment au niveau du visage : déformation faciale (œil plus petit, nez désaxé, désaxation de l’articulation temporo-mandibulaire, déviation de la mandibule), ainsi que des troubles fonctionnels tels que des difficultés de succion, de déglutition, régurgitation ou encore des troubles ophtalmiques.
Ces complications sont plus souvent observées chez les nourrissons atteints de torticolis musculaire congénital, car leur prise en charge est généralement plus tardive. La persistance d’une masse du cou après l’âge de 6 semaines nécessite une surveillance étroite pour éviter ces déformations secondaires et la persistance du torticolis lui-même.
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- Rééducation des Plagiocéphalies – Torticolis – asymétries posturales (Bordeaux-Lyon) – Formateur : Philippe Boullery
- Déformations crâniennes positionnelles – Plagiocéphalie (Lyon) – Formatrices : Céline Alcaraz et Louison Barollier
Source utilisée pour cet article
Revue de littérature du traitement du torticolis congénital du nourrisson, Kinésithér Scient 2013;546:13-18. Auteurs : Pierre COMPAGNION et Yohan SANS. Lien vers l’article original.