Bassin : Le Point de Départ de l’Équilibre – Podcast de Thierry Dentant et Cyril Castaldo
La thérapie manuelle du bassin est trop souvent circonscrite aux articulations et aux muscles locaux. Pourtant, comme le soulignent Thierry Dentant (formateur chez SSK Formation) et Cyril Castaldo (directeur de SSK Formation), le bassin doit être considéré comme le « point de départ de l’équilibre » des dorsales basses jusqu’aux membres inférieurs.
Cet article explore cette approche globale et systématique, offrant aux kinésithérapeutes les clés pour intégrer des structures souvent négligées (neurales, vasculaires, viscérales) dans leur pratique quotidienne.
L’Anatomie Étendue : Structures Centrales et Systèmes Moins Évidents
Le Noyau Musculo-Squelettique Élargi
- Le foyer initial : la région lombaire, la zone lombo-sacrée, et en particulier les sacro-iliaques, car les lombalgies sont intimement liées au bassin.
- L’extension : l’articulation coxo-fémorale et l’investigation descend jusqu’au genou. Exemple : parfois une douleur sur la face interne du genou peut avoir une origine liée au bassin et à une collatérale du nerf obturateur.
- La remontée : l’investigation remonte jusqu’au niveau de D11-D12. Les côtes sont également vérifiées (indication issue de l’approche élargie).
L’Intégration Neuro-Vasculaire et Viscérale
L’approche ne se limite pas au musculo-squelettique, mais intègre :
- Le système neural : un nerf qui ne coulisse plus, que ce soit au niveau du canal ou du fascia, est un nerf « en souffrance ». Exemple : nerf obturateur.
- Le système vasculaire (veineux) : drainage veineux lombaire, veines lombales drainant les lombaires… « incidence extraordinaire » dans la région.
- Les incidences viscérales : certaines parties viscérales comme le rein ou la vessie sont également considérées car elles peuvent influencer la région sacro-iliaque.
L’Approche Diagnostique Globale et l’Empirisme Clinique
Le « scan » Diagnostique
Le praticien commence par « scanner » chaque partie du bassin : ligamentaire, musculaire, articulaire.
- Durée estimée : environ 10 à 15 minutes.
- Interaction directe avec le patient : validation des dysfonctions en fonction de la plainte.
- Le diagnostic évolue : le thérapeute ne part pas d’une idée préconçue, mais adapte son raisonnement en fonction des constatations.
La Ligne de Conduite Thérapeutique
Le traitement suit une séquence précise :
- Commencer systématiquement par tout ce qui concerne les sacro-iliaques et le système ligamentaire du bassin.
- Remonter jusqu’à D11-D12, inclure les côtes.
- Traiter les composantes musculaires et ligamentaires susceptibles d’engendrer des fixations/malpositions.
- Envisager les composantes neurales et vasculaires (veineux).
Validation
Cette prise en charge n’est pas purement analytique ; elle repose sur les tensions identifiées et les correspondances (métamériques ou viscérales). Le thérapeute va « aller-retour » pour valider l’efficacité de son geste. La validation finale se fait par l’absence de douleur ou le mouvement rétabli.
Synthèse des Questions / Réponses Clés sur la Thérapie Manuelle du Bassin
- Comment le bassin est-il traité dans cette approche ? : Comme le point de départ d’une approche globale, intégrant lombaires et membres inférieurs.
- Quelles articulations sont spécifiquement touchées ? : La coxo-fémorale et les sacro-iliaques.
- Quels systèmes, en plus des articulaires et musculaires, sont évalués ? : Les systèmes ligamentaire, musculaire, neural et veineux.
- Quels organes viscéraux sont cités ? : Le rein et la vessie (incidences sur la sacro-iliaque).
- Quelle est la première étape de la prise en charge ? : Un « scan » de chaque partie du bassin (ligamentaire, musculaire, articulaire…).
- Comment le diagnostic évolue-t-il ? : Il évolue selon les dysfonctions trouvées ; le thérapeute ne part pas d’une idée préconçue.
- Par quelle zone le traitement commence-t-il systématiquement ? : Par tout ce qui est au niveau des sacro-iliaques et du ligamentaire du bassin.
- Jusqu’à quel niveau vertébral le travail peut-il remonter ? : Jusqu’à D11-D12 (onzième et douzième vertèbres dorsales).
- Quel est l’impact d’un nerf qui ne coulisse plus ? : Il s’agit d’un nerf « en souffrance » (au niveau canalaire ou fascial).
- Quel système vasculaire est souvent sous-estimé ? : Le système veineux, notamment les veines lombales.
- Une douleur sur la face interne du genou peut-elle être liée au bassin ? : Oui, via une collatérale du nerf obturateur ; traiter une tendinopathie de la patte d’oie pourrait amener à investiguer ce nerf.
- Quelle est la validation finale du traitement ? : L’absence de douleur ou le rétablissement du mouvement.
Les Bénéfices Pour le Praticien : Un Nouveau Bagage
La formation (3 jours, session très dense) permet aux professionnels curieux de repartir avec un bagage opérationnel :
- Traiter le bassin d’une façon différente des routines classiques de l’école.
- Par exemple, en intégrant des connaissances anatomiques approfondies notamment sur le drainage veineux et lymphatique (« on a encore beaucoup de choses à apprendre » selon Dentant).
- Développer une ouverture d’esprit qui ne repose plus uniquement sur l’articulaire ou musculaire, mais sur une vraie approche globale.
- Acquérir un outil pour remonter la chaîne de dysfonction et apporter des réponses plus complètes aux pathologies.
Conclusion
En adoptant cette approche élargie du bassin, considérée comme le point de départ de l’équilibre , les kinésithérapeutes peuvent améliorer leur diagnostic, élargir leur champ thérapeutique, et offrir à leurs patients une prise en charge plus complète. L’échange entre Thierry Dentant et Cyril Castaldo met en lumière cette nécessité d’élargir l’approche manuelle. Pour les praticiens qui souhaitent sortir des sentiers battus et intégrer des structures souvent négligées (nerfs, veines, viscères), cette formation est un véritable levier d’évolution.