Octobre Rose : Au-delà du dépistage, la kinésithérapie, un pilier essentiel contre les séquelles du cancer du sein et pour l’autonomie
Le combat d’Octobre Rose et l’importance du dépistage.
Octobre Rose est le mois phare dédié à la sensibilisation et à la lutte contre le cancer du sein. Cette maladie reste un défi majeur de santé publique, étant le cancer le plus fréquent en France et la principale cause de décès par cancer chez la femme. Statistiquement, une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie, le risque étant le plus élevé entre 50 et 74 ans.
Le dépistage précoce, proposé gratuitement tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans, est crucial. Détecté tôt, le cancer du sein peut guérir dans neuf cas sur dix, permettant des prises en charge moins lourdes et un meilleur pronostic. La prévention, incluant des gestes simples liés aux habitudes de vie (arrêt du tabac, consommation modérée d’alcool, alimentation équilibrée, activité physique régulière), constitue l’autre levier fondamental pour réduire les risques.
Cependant, au-delà du diagnostic et des traitements lourds, se pose la question de l’accompagnement post-thérapeutique et de la qualité de vie. C’est ici que le rôle du kinésithérapeute devient indispensable.
Quel rôle la kinésithérapie joue-t-elle dans le parcours de soins oncologique global ?
La kinésithérapie est une composante essentielle des soins de support, indispensable pour préserver l’autonomie, la mobilité et la qualité de vie des personnes touchées par un cancer du sein.
Le kinésithérapeute joue un rôle clé dans la prévention et la gestion des séquelles en sénologie. Son intervention est nécessaire tout au long du parcours de soins, de la préparation à la chirurgie jusqu’à l’après-cancer :
1. Prévention et limitation des séquelles post-opératoires : Le kiné aide spécifiquement à limiter les conséquences d’opérations telles que la chirurgie du sein ou le curage axillaire.
2. Gestion de la douleur et de la mobilité : Le professionnel peut soulager les douleurs d’origines musculaires, articulaires ou cicatricielles liées à la maladie ou aux traitements. Il est crucial pour la remobilisation du bras après une chirurgie afin d’éviter la perte de force et de mobilité.
3. Lutte contre les effets secondaires des traitements : La kinésithérapie est bénéfique pour mieux récupérer après une chimiothérapie, notamment en gérant la fatigue et les douleurs musculaires et articulaires. Le kiné peut également aider les patients à se remettre en mouvement malgré la fatigue et les douleurs, même dans les cas de cancers métastatiques.
4. Accompagnement et reconstruction : En démêlant les fausses croyances sur les restrictions (par exemple, concernant le port de charges ou l’interdiction de certaines activités), le kiné aide les patientes à retrouver leur vie d’avant et à assurer la reconstruction psychocorporelle.
5. Prise en charge spécialisée du Lymphœdème : Le lymphœdème, une séquelle chronique fréquente de la chirurgie du cancer, nécessite une expertise spécifique. L’association RoseUp se mobilise d’ailleurs aux côtés d’experts pour obtenir la reconnaissance et un meilleur remboursement des traitements liés à cette pathologie chronique, dont le coût peut dépasser 300 € par an à vie pour les personnes concernée
Quels obstacles limitent l’accès aux soins kinésithérapiques spécialisés en sénologie ?
Malgré la reconnaissance de son rôle vital, la prise en charge kinésithérapique des cancers du sein est entravée par des freins administratifs, financiers et un manque de reconnaissance formelle.
Des avancées législatives ont eu lieu, comme la loi n° 2025-106 du 5 février 2025, qui garantit la prise en charge intégrale par l’Assurance Maladie de certains soins de support (psychologie, nutrition, activité physique, dispositifs médicaux) et l’établissement d’un forfait de 180 € pour les effets secondaires. Cependant, la kinésithérapie elle-même souffre d’un cadre conventionnel jugé inadapté à la réalité clinique de la sénologie.
Le syndicat Alizé et d’autres professionnels dénoncent le fait que des barrières administratives injustes et inadaptées empêchent de trop nombreuses patientes d’accéder à une kinésithérapie experte. De plus, les tentatives d’assouplissement des règles d’accès aux soins, comme la loi RIST visant l’accès direct aux kinésithérapeutes, ont vu leur portée largement réduite, ce qui est considéré comme dommageable pour les femmes atteintes
La mobilisation : Pétition et appel à l’action des professionnels
Face à l’explosion du nombre de cancers du sein (la France détient l’un des taux d’incidence les plus élevés au monde, avec plus de 61 000 nouveaux cas annuels selon l’OMS 2022), l’urgence d’adapter le cadre d’exercice est soulignée.
À l’occasion d’Octobre Rose, le syndicat Alizé a lancé une pétition adressée à Monsieur Thomas Fatôme, Directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie, dans le but de simplifier et d’améliorer les règles encadrant les soins en sénologie.
Les quatre demandes principales de la pétition pour une évolution du cadre de la kinésithérapie en sénologie sont :
1. Soutenir le conventionnement spécifique de la sénologie : Intégrer la sénologie à la liste des pratiques spécifiques permettant un conventionnement dérogatoire en zones dites « non-prioritaires », afin d’assurer l’installation de kinésithérapeutes formés là où les besoins sont les plus grands.
2. Adapter les critères de facturation : Réviser les critères de la cotation RAV 15,5 (par exemple, le critère d’écart de 2 cm de périmètre entre les bras est jugé non pertinent pour la réalité clinique) en saisissant la HAS.
3. Facturation double en cas de bilatéralité : Permettre la facturation de deux séances le même jour pour les cancers bilatéraux, une possibilité déjà existante pour d’autres pathologies lourdes.
4. Harmonisation des actes : Généraliser la possibilité de coter un acte TER 9,51 et un RAV 8,00 le même jour, harmonisant ainsi une souplesse de facturation qui existe déjà localement.
Les professionnels sont encouragés non seulement à signer cette pétition pour un cadre à la hauteur des besoins des patients et professionnels, mais aussi à utiliser le visuel (PDF Octobre Rose) mis à disposition par Alizé pour sensibiliser leurs patients et patients en cabinet.
Conclusion : Pour une kinésithérapie experte, utile et reconnue
La prise en charge du cancer du sein est multidisciplinaire. Si le dépistage précoce demeure vital, l’accompagnement kinésithérapique est fondamental pour restaurer la fonction, limiter les séquelles et garantir l’autonomie post-traitement.
Pour aller plus loin et renforcer vos compétences cliniques, formez-vous à la prise en charge du cancer du sein avec Martine Raffin-Rainteau, formatrice SSK et présidente du RKS (Réseau Kiné Sein), référence nationale dans la kinésithérapie en sénologie.
En soutenant l’évolution du cadre d’exercice, les professionnels et citoyens peuvent garantir à chaque personne touchée un accès à une kinésithérapie experte et adaptée, partout sur le territoire
Sources de l’article
- Octobre rose : se mobiliser pour augmenter le recours au dépistage organisé du cancer du sein, 09-2025, Caisse d’assurance maladie de la Charente-Maritime (Lien vers le PDF)(Lien vers l’article)
- Kiné : tout savoir – RoseUp Association (Lien vers le site)
- Octobre Rose: Kinésithérapie et Cancer du Sein, ALIZE – Syndicat kiné (Lien vers l’affiche)
- M. Fatôme, simplifions l’accès à la kinésithérapie pour le cancer du sein, Syndicat ALIZÉ (Lien vers la pétition)