Neurosciences et Kinésithérapie : une nouvelle approche thérapeutique
SSK a réalisé une interview de notre formateur Thomas Fargeot sur les neurosciences afin de comprendre en quoi consiste cette nouvelle approche en kinésithérapie.
Qu’est-ce que les neurosciences ?
Les neurosciences sont l’étude du fonctionnement du cerveau et du système nerveux dans le cadre de la douleur. Comment ça marche, quelles structures sont impliquées et quelles sont les réactions physiologiques qui en découlent.
En quoi les neurosciences peuvent aider la pratique kiné ?
Les neurosciences de la douleur peuvent aider la pratique en kiné car elles permettent de mieux comprendre les réactions de nos patients aussi bien sur le plan biologique (intensité, fréquence, type de douleurs) que sur le plan psychologique/émotionnel et social/comportemental.
En quoi les neurosciences peuvent soulager, traiter et soigner les douleurs persistantes ?
Une meilleure compréhension de la douleur pour le patient lui sera utile afin de mieux accepter le traitement médical et kinésithérapique.
Cela permettra également au patient de mieux gérer ses activités (qu’est ce qui est dangereux pour lui, qu’est ce qui ne l’est pas, qu’est-ce qu’il peut s’autoriser à faire ?) et d’adapter son comportement vis à vis de la douleur.
Si le patient adopte un meilleur comportement de santé, on peut espérer que sa douleur diminue.
Les neurosciences sont-elles prouvées par des études et essais cliniques ?
Oui. Il existe également des revues systématiques de la littérature et des guides de bonne pratique (ex: Haute Autorité de Santé) recommandant l’utilisation d’éducation à la douleur dans la pratique de la kinésithérapie et de la médecine au sens plus large.
En voici un exemple : Article de Pubmed : À quoi ressemblent les meilleures pratiques de soins pour les douleurs musculo-squelettiques ? Onze recommandations cohérentes issues de lignes directrices de pratique clinique de haute qualité : revue systématique.
Concernant votre formation : Neurosciences et douleurs persistantes
Quelles sont les pathologies qui peuvent être traitées avec les neurosciences à l’issue de la formation ?
Toutes les pathologies responsables de douleurs. En kinésithérapie, on rencontre le plus souvent des douleurs musculosquelettiques que l’on pourrait classer en 2 catégories : aiguës ou chroniques.
L’éducation aux neurosciences de la douleur va pouvoir aider ces 2 types de douleurs mais trouvera surtout sa place pour les douleurs chroniques tout simplement car en douleurs chroniques, il y a beaucoup plus de phénomènes neurophysiologiques impliqués.
Quels sont les objectifs de la formation ?
Les objectifs de la formation sont :
- De permettre une meilleure évaluation de la douleur du patient. En effet, l’évaluation est souvent limitée à l’intensité douloureuse alors qu’il est également indispensable d’évaluer tous les facteurs psycho sociaux ainsi que l’impact sur la qualité de vie du patient.
- D’améliorer la communication avec les patients douloureux chroniques qui sont souvent incompris ou qui ont du mal à être entendus dans leur globalité.
- D’avoir des outils efficaces pour faire de l’éducation aux neurosciences de la douleur (= faire mieux comprendre sa douleur au patient).
- De pouvoir proposer un plan d’action thérapeutique basé sur les preuves et adapté à chaque patient.
Quelles techniques y sont abordées ?
- Des outils d’évaluation de la douleur et de ses conséquences.
- L’éducation du patient à la douleur grâce à l’utilisation de métaphores simples et compréhensibles.
- La communication avec l’initiation à la pratique de l’entretien motivationnel.
- La prise de décision partagée : voir la séance de kinésithérapie comme un échange horizontal entre 2 experts (le patient et le thérapeute).
Comment se construit le « programme personnalisé » pour aider le patient à initier le changement ?
Cela va dépendre de chaque patient. Il va falloir :
- S’adapter à sa compréhension, son vécu, ses préférences.
- Définir des objectifs clairs et atteignables à court, moyen et long terme afin de garder le patient motivé et acteur de son traitement.
C’est un programme qui se construit ensemble, avec le patient : on parle de prise de décision partagée.
Le programme sera également modulable au cours du traitement en fonction des réactions du patient.
Quelles sont les grandes lignes du programme ?
Les grandes lignes du programme vont être :
- Faire comprendre sa douleur au patient grâce aux différents outils de communication.
- Se mettre d’accord sur des objectifs atteignables et raisonnables.
- Mettre en œuvre un traitement kinésithérapique principalement basé sur l’exposition graduelle à l’activité physique.
- Réévaluer à chaque séance le patient et ses éventuels progrès, stagnation ou rechute.
- Revoir les objectifs ou les activités physiques/exercices si cela n’est pas adapté.
Quel est votre parcours ?
Je suis kiné depuis 2011 de l’IFMK de Saint Etienne. J’ai toujours travaillé en cabinet libéral au début de ma carrière à Saint Etienne et depuis 9 ans à Aix en Provence.
Je me suis d’abord formé en thérapie manuelle avec la Méthode Sohier, puis je me suis tourné vers le MDT et la méthode Mckenzie ce qui m’a permis de découvrir l’EBP (pratique basée sur les preuves scientifiques).
Je me forme chaque année dans le domaine musculo-squelettique (rachis, membres inférieurs et supérieurs). Durant ces dernières années, je me suis plutôt tourné sur des formations concernant la douleur et la communication dans le domaine médical.